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Les crabes dansent au Croisic

Je ne guérirai pas, mais je vis gaillardement (la plupart du temps) : FAUT PAS GÂCHER !

Ca se voit pas du tout, j' t'assure !

Voici 2 photos réalisées sans trucages.
Le même jour à 2 minutes d'intervalle à peine, au même endroit, avec le même cadrage ou presque. Même sujet : bibi.

 

Sûr, qu'à voir la première, il n'y a rien à dire :

Ca se voit pas du tout, j' t'assure !

Sur la seconde, attendez voir...

Oh oui dis donc, il est carrément mal coupé ce chemisier ! Qu'est ce que c'est que ce machin, ces coutures obliques, cette ligne de fronces qui pique du nez, ce décolleté penché ?!... C'est made in China ?... Comment ?... Ah c'est pas le chemisier qui déconne ?... Bah c'est quoi alors grosse maline ?... La quoi ?... La poitrine ?... Tu rigoles !

Ca se voit pas du tout, j' t'assure !

Ben, je voudrais bien rigoler, mais telle que vous me voyez là, je suis au taquet. Ma poitrine asymétrique, une pomme à gauche, une banane à droite, elle ne me fait pas rire non.

Avec l'entrainement depuis 2 ans, je suis toutefois capable d'exploits inouïs :

- me regarder droit dans les seins devant le miroir, sans ciller ;

- me dire très froidement que c'est ballot d'en arriver à ce piètre résultat après 2 opérations de reconstruction aussi costaudes ;

- Accepter cette ... chose incongrue, plutôt que de me lancer à nouveau dans un plan de reconstruction à 3 ans avec 3, 4, peut-être 5 interventions encore.

Mais rire de tout ça... J'ai beau être assez fortiche en auto dérision, là je ne peux pas. J'en ai même encore pleuré à Nantes au printemps. Je pensais pourtant avoir digéré le traumatisme. Je contemplais tristement mon torse nu dans la grande glace de la chirurgienne. Les larmes coulaient, coulaient, coulaient... 65% d'eau dans le corps humain, ça doit servir pour les gros chagrins.

Mince, c'est trop dur. A 40 ans, se faire amputer et se réveiller avec ce moignon de poitrine.

 

Reconstruction de mes fesses oui ! Au mieux, du rafistolage. C'est ça qu'on devrait nous dire avant l'anesthésie.

"Madame, dites adieu à vos petits seins mignons. C'est la dernière fois que vous les voyez jolis. Après 4 heures de billard, vous serez la propriétaire dépressive d'une boursoufflure difforme et couturée". Ça, ça aurait été honnête.

 

J'aurais apprécié qu'on me dise aussi que l'esthétique n'était pas le seul enjeu de l'affaire.
Au passage, la sensibilité est bousillée :

La boursoufflure et tout ce que le bistouri a approché deviennent des zones totalement azimutées nerveusement.

- Je ne sais pas ce qui a été trifouillé dans cette chose à droite qui a remplacé mon sein. Mais ce doit être un foutu foutoir ! J'éprouve assez souvent des picotis tutti piccolini mais insupportables en profondeur. Rien ne les soulage en surface. Je frotte, je tapote, je frappe franchement pour que cessent ces fourmillements. Peine perdue. Je dois supporter. Attendre que ça passe. A l'inverse parfois, un petit coup de rien du tout en surface déclenche un séisme de grande magnitude à l'intérieur. Les petits hommes se serrent contre moi. Pour eux, un doux câlin. Pour moi, une sourde décharge dedans. Tout est saboté...

- Sectionnés, zigouillés aussi à tout jamais les petits nerfs de l'aréole et du téton. C'est pas rien, ça non plus. Bon sang, elles ne peuvent pas le dire toutes ces femmes qui se font refaire les seins pour du plus gros calibre ?! "J'ai de gros nichons mais quand Loulou me les tripote maintenant, je sens plus rien". Même pour une blonde à forte poitrine, c'est pas une phrase trop compliquée à formuler, bon sang !

Autre élément du tableau, un effet carcan permanent :

Cette impression atroce d'être à l'étroit dans mon propre corps. C'est ce que je ressens depuis qu'on m'a prélevé un lambeau de peau derrière, pour le placer devant, sur le nouveau volume créé à droite après l'ablation. Imaginez vous avec 10 bons centimètres carré de peau en moins sur l'omoplate, le même volume de chair et de muscles à caser en dessous, et vous avez tout compris. Accessoirement, car on n'est plus à ça près maintenant, vous voilà aussi désensibilisée à cet endroit. Avec une conséquence aussi bête que de ne plus ressentir la pluie du ciel de douche tomber, puis ruisseler sur la peau du dos.

 

Et toute cette souffrance pour quoi les amis ?...
Pour rien. Zéro. Que dalle.

Je détaillerai cette palpitante révélation dans un prochain billet. Ce suce pince... :)

 

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